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lundi 25 février 2008

29e étape - San Juan de la Pena



29 - Jaca – San Juan de la Penã – Arrès
(Aragon
)


A chaque goutte
la flaque sourit
de mille cercles



Les algues les joncs
et la vieille tour
enchantent le ruisseau



Après le goudron et la route
cette révélation :
seule la nature me procure
la sensation d'être une âme

Pour un athée comme moi, panthéiste sur les bords, la notion d'âme mérite d'être maniée avec des pincettes. Elle est surchargée de croyances platoniciennes et chrétiennes (indépendance du corps, immortalité). Si j'avais une nouvelle définition, toute subjective, à en donner je dirai qu'elle représente pour moi ces moments privilégiés de bien-être complet où le corps et l'esprit sont en communion avec la nature. L'âme alors n'est rien d'intérieur, ce n'est pas un précieux petit noyau spirituel, mais une relation physique réussie et jouissive avec le cosmos. Camus parlait de "noces".



La marche au long cours
dévoile la sublime énergie
- rien ne peut l'arrêter -
Ultreia – cap dessus – en avant
Ivresse de la marche

Deuxième révélation du jour, cette découverte en soi d'une énergie vitale, physique, toute neuve que rien ne pourrait arrêter, cette sensation de disposer d'une force irrésistiblement tendue vers un but. Comme une drogue dure, la marche procure une ivresse un peu aveugle, un sentiment d'invulnérabilité dont certains se laissent abuser en allant au-delà de leurs limites ; cette transgression les conduit alors à la tendinite, la fracture de fatigue, et donc à l'abandon pour avoir abusé de l'endorphine et ne pas avoir su maîtriser leur monture. Ultreia, ce mot exprime parfaitement l'élan vital du marcheur.

Ce monastère perché dans une baume
a fasciné les rois
Ils l'ont pris pour la porte du ciel


Extraordinaire découverte du monastère perché de San Juan de la Peña . Il est encastré dans une vaste grotte naturelle, à 1220 mètres d'altitude. Il réalise un fascinant mariage de la nature et de l'architecture au nom de la spiritualité. Il est à la fois primitif et mystérieux comme le grotte de la Sainte-Baume, et très sophistiqué par son superbe cloître roman aux chapiteaux richement sculptés. Séduits par la magie des lieux, plusieurs rois d'Aragon s'y sont fait inhumer dans des caveaux rupestres, comme les Dogons dans leur falaise de Bandiagara au Mali. Ce monastère, qui fut le berceau du royaume d'Aragon et un grand centre spirituel, exerce encore aujourd'hui une étonnante force d'attraction.



Sur la ligne des montagnes
un artiste a crayonné
un liseré de nuages


Mue des murailles :
les hameaux se délestent
de leur vieille misère



La maison s'ordonnait
autour du feu
et de sa cheminée

Les cheminées aragonaises surprennent par leur taille. Elles étaient situées au-dessus de l'âtre ouvert dans les cuisines carrées des maisons, la pièce à vivre et la seule chauffée. Une ceinture de bancs, adossés aux murs, permettait à la famille de s'y rassembler. On peut en voir en passant dans le vieux village perché d'Arrès. Le refuge de ce village, tenu par une association allemande des amis du chemin de Saint-Jacques offre un accueil excellent et une sympathique visite guidée de l'église.


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