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samedi 23 février 2008

27e étape - Somport- Canfranc







27 - Urdos – Col du Somport – Canfranc
Béarn (France) – Aragon (Espagne) – Camino (Europe)




Le troupeau carillonne
un magnificat
à faire pâlir les anges



Enracinée en plein vol
la fougère
bat des ailes



Sagesse
du chemin des bergers :
il dose l'effort et respecte le corps


Agitées par le vent
les herbes passent leur patte
derrière l'oreille



Le Somport ?
Il n'y a que les plainards
pour s'en faire une montagne



Ah ! ce vieux sentier piqueté de pieux
pour les audacieux
qui le prendraient en hiver



Paresseuses
les colchiques
tardent à l'éveil


Débauche de flèches jaunes
quand le Chemin se change en Camino
Il n'y en a plus
que pour Santiago !

Alors qu'en France, le GR 653 est plutôt discret, plus ou moins bien balisé selon les départements, au risque de s'égarer, en Espagne on assiste à une débauche excessive de marques : coquilles bleues européennes, balises GR, et surtout flèches jaunes, tracées parfois n'importe comment dans les villages pour faire passer le pèlerin devant le bistrot du coin. En tout cas, à moins d'être étourdi, en Espagne, il est impossible de se perdre !



Une station de ski
cerne les ruines
de "l'un des trois grands hospices du monde"

Selon Aimery Picaud, dans "Le Guide du Pèlerin", XIIe siècle, l'hôpital de Sainte-Christine à Candanchu, avait une importance et une renommée internationale. Aujourd'hui, le Chemin passe par ses ruines situées au milieu d'une station de ski. Les civilisations changent, les lieux restent. Sa position était stratégique pour l'accueil des pèlerins dans la montagne comme les hôpitaux des grands cols (Roncevaux, grand Saint-Bernard). Il était au cœur de la chaîne hospitalière du Béarn et d'Aragon. Les hospitalités de Saint-Christau et de Lacommande en dépendaient. Il bénéficia de nombreuses donations en Aragon et Navarre. Il fut détruit au XVIe siècle pendant les guerres de religion.



"La nature est l'esprit visible
l'esprit est la nature invisible"
dit l'hôtel de l'immanence
Inscription sur un hôtel entre Somport et Canfranc

Sur le bord du ruisseau
j'ai cueilli une blonde
les pieds dans l'eau glacée

A partir du col du Somport, je commence à rencontrer quelques pèlerins. Finie, la grande solitude ! Jusqu'à Puente La Reina, la fréquentation du chemin sera idéale pour les rencontres, ni trop, ni trop peu.


En quantité
l'or nazi transitait
par cette grande gare morte

La gare ferroviaire de Canfranc, aujourd'hui presque entièrement abandonnée, mais bientôt transformée en hôtel, est un gigantesque fantôme surréaliste. Elle mesure 240 mètres de long, et se trouve à 1000 mètres d'altitude. C'était un palais ferroviaire international, un Versailles du rail. Cette gare de prestige fut édifiée pour l'ouverture, en 1928, de la ligne Pau- Saragosse par le tunnel du Somport dans les Pyrénées. Il fallut trente ans pour construire la ligne qui ne servit que quarante ans ! Le trafic international fut interrompu en 1970, suite à un accident côté français. Quel gâchis ! La ligne espagnole fonctionne toujours. On raconte que pendant la dernière guerre mondiale, la gare fut un haut lieu de transit de l'or volé aux juifs par les nazis en contrepartie de minerais livrés à l'Allemagne par l'Espagne franquiste.

La tour des fusillés
rare souvenir
d'une guerre effacée

1 commentaire:

Cesco a dit…

La route vers Compostelle qui emprunte le col du Somport fut longtemps appelée « Camino italiano » car de nombreux pèlerins en provenance d’Italie la parcouraient (via grosso modo, ce que l’on appelle aujourd’hui la « Via Tolosana »).

En fait, les pèlerins se croisaient sur cette route : pas seulement à cause du fait que chacun devait bien rentrer chez soi après s’être rendu à Saint-Jacques, mais aussi parce que Rome drainait un très grand nombre de pèlerins, surtout à partir de l’instauration du premier jubilé à Rome par Boniface VIII en 1300. Et en particulier des pèlerins de la péninsule ibérique.

Se superposant au faisceau convergent de routes vers Compostelle, un autre faisceau de routes conduisait à Rome, comme on peut le voir sur cette carte dressée d’après les témoignages de pèlerins du Moyen Âge.

Parmi ces chemins, la Via Francigena ou « voie des Français », qui n’est pas une route unique, mais un ensemble de parcours pour les pèlerins vers Rome (roumieux) venant de France et du sud de l’Allemagne actuelle. Un de ces multiples parcours connaît depuis plusieurs années une popularité grandissante : celui que consigna l’évêque anglais Sigéric durant son pèlerinage qui le mena de Canterbury à Rome en 990.