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samedi 1 mars 2008

33e étape - Eunate - Puente-la-Reina







33 - Montreal – Eneriz - Eunate – Puente-la-Reina
Navarre



D'entre les nuages
le soleil éclaire une chapelle
debout sur un méandre d'argile







Un juif un chrétien et un musulman,
ont marché ensemble
de Jérusalem à Compostelle
J'aurais pu faire l'athée

Un baroudeur fanfaron, bardé de son exploit, raconte qu'il a" fait", lui chrétien, un pèlerinage œcuménique, Jérusalem-Compostelle, 10 000 km à pied, avec un juif et un musulman.


Les villages s'égrènent en pied de côte
laissant le champ libre
à la terre des plaines


Bien planté
l'épouvantail
- arbre idéal pour les corbeaux


Ni chaleur ni pluie ni vent
Les trois ni
- l'idéal du marcheur


Don Quichotte
en Navarre
est gardien d'éoliennes


De thym en marjolaine
la fleur bleue du papillon


Chair rouge des terres
peau verte des oliviers
- et les âmes perchées des villages



Comme à tout les villageois
on m'offre le pain et le vin
Je ne suis plus un étranger


C'est la fête à Eneriz. Tout le monde a droit à du pain et du vin, moi aussi. Geste simple et chaleureux de fraternité. "Vieux pèlerin qui vagabonde, je suis partout un étranger" dit le psaume. L'itinérance est une expérience de l'exil. On comprend l'étranger, et les gestes qui peuvent l'aider.


C'était une maison des morts
ce Stonehenge roman
Où va la nuit des temps ?


Le cercle des cent portes
entoure un vide parfait
Que l'on est bien sous la coupole !


Comme à San Juan de la Pena, la découverte de la chapelle Santa Maria de Eunate est un moment fort du Chemin. C'était une chapelle funéraire pour pèlerins. Octogonale, elle est surmontée d'une coupole de pierre (voûte céleste) et d'une lanterne des morts. Elle est entourée d'une enceinte d'arcades, le cercle des cent portes. Le lieu est d'une intensité cosmique exceptionnelle. Il me fait penser à Henri Vincenot, le romancier celte, et à sa théorie exposée dans "Les étoiles de Compostelle" selon laquelle les sanctuaires romans, construits sur des nœuds d'énergie cosmique, sont des instrument pour capter les vibrations du monde et régénérer les hommes. Leur fonction alchimique serait de mettre en rapport et en harmonie la terre, le ciel et les hommes. Il en veut pour preuve la pérennité des lieux de culte à travers les civilisations. Ici, mon compagnon et moi éprouvons sans nous consulter une étrange magie. D'autant plus que deux choristes y psalmodient du grégorien. Cette expérience n'est-elle qu'un effet de l'imagination, une illusion ?

Qu'il est serein le chant
de la chapelle

aux pèlerins !





Quatre vingt pas d'un côté
soixante de l'autre
Le pont de la Reine
n'a pas le dos en son milieu
(Puente le Reina)















Les chemins se rencontrent
Les amis se séparent

Puente la Reina est le point de rencontre du chemin du Puy et du chemin d'Arles. Cet itinéraire s'appelle désormais le Camino Francès. Certains arrêtent ici, d'autres démarrent. A partir de là, le Camino est très fréquenté. Pour qui vient de France, c'est un nouveau départ.





Du grenier à la cave
le pèlerin ne doit craindre
ni les puces, ni les punaises

Les pèlerins sont une bonne affaire. Même les hôtels transforment leurs caves en gîte !

31e étape - Sanguesa (Navarre)





31 - Ruesta – Undues –Sangüesa
Aragon – Navarre







Nid d'aigle abandonné
le vent berce ton sommeil
sa caresse te détruit

(Adieu à Ruesta)


La croix de l'ermitage
a perdu la tête
Ses bras restent ouverts
(ermitage de Santiago Apostol)


Petits soleils
des millepertuis
parmi les épineux

Les nuages du fond
et ceux qui passent
ne se rencontrent pas


Les montagnes ont des ailes
pour brasser
les nuages



Dans un ciel obscur
les vautours
figurent les étoiles
(Sangüesa)

Il vole comme une pierre
l'oiseau à ventre blanc



Au cœur de la fête, la corrida
On joue la mort
en mangeant des saucisses


Au sacrifice du taureau
la mort est mise en fête
- le sang coule à Sangüesa


En Espagne, le mois de septembre est le mois des fiestas. Avec insouciance, les enfants jouent dans la rue au son des fanfares. A chaque fête, sa corrida et son encierro (lâcher de taureaux dans les rues).


On y participe en famille, au spectacle de la mort. Tragédie éclair de l'animal. Sa fougue, son insouciance d'abord, puis sa fatigue et son épuisement après les picadores, le ballet des banderilles et enfin la mort, plus ou moins bien donnée. Piètre mise en scène d'une piètre bravoure. A qui profite le crime ? Qui veut gagner des oreilles ?