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jeudi 17 avril 2008

35e ETAPE : VILLAMAYOR - VIANA

35 - Villamayor de Monjardin – Los Arcos – Viana
Navarre





Cet instant d'aurore
où le champ des nuages et les terres à blé
partagent le même sang





Les roseaux frétillent d'oiseaux
et le village dort
sous son château

(Villamayor de Monjardin)



Quand la lumière vient sculpter les collines
caresser leur tête
effleurer leur poitrine …


Le moment béni où le Chemin
ouvre son cœur à la lumière


Sous des zestes de nuages
une haie de cyprès en marche :
nos ombres démesurées


Lever du jour parfait. On chemine dans un vaste désert agricole. Grand et beau silence. Il n'y a âme qui vive. De loin en loin, la silhouette solitaire d'un pèlerin. .


Ce serait un monde
sans bruit ni machines
Il n'y aurait que le chant du silence
et celui de nos pas

Merveilleux moment, trois heures durant, de solitude intense et de pleine communion, au milieu d'immenses terres labourées. Le pèlerin est alors comme une île qui marche. Ces moments d'exception représentent l'or du monde.


Cette vallée fertile
bordée de collines arborées
où la terre se repose
- un paradis de gospel

(Entre Villamayor et Los Arcos)

Esprit de la vallée
tu es là



J'ai vu
un pauvre dieu
vaincu par la misère du monde

(Chapelle du Saint-Sépulcre, Torrès del Rio)


Aux coeurs fermés
je préfère les églises
à ciel ouvert
- là où poussent des arbres

A Viana, le refuge des pèlerins, magnifiquement situé à côté de l'église en ruine de San Pedro, et près d'une vaste esplanade panoramique dominant la plaine de Navarre, a la particularité, unique sur tout le Camino, d'entasser ses hôtes dans des chambrées de lits à trois niveaux !


Grâce à la Renaissance
les larrons
ont trouvé
droit de cité


(Santa Maria, à Viana)

Ce serait seulement à l'époque de la Renaissance que l'on aurait commencé à représenter les larrons à côté du Christ. Comment interpréter cette évolution ? Le Christ n'aurait plus le monopole de la souffrance rédemptrice, les hommes pourraient participer à leur propre salut ?


Plus que dans ses monuments
le génie de la cité demeure
dans la fraîcheur de ses rues

(Viana)

34 e étape - PUENTE LA REINA - VILLAMAYOR


34 - Puente la Reina – Lorca - Estella – Villamayor de Monjardin
Navarre – (Camino francès)


Guidé par son ombre
Le sage est parti vers l'ouest
Nombreux ceux qui le suivent

Signification symbolique traditionnelle du voyage à l'ouest : inscrit dans le cycle de la lumière, le chemin de l'ouest est emprunté par le sage qui médite sur la mort et son dépassement. Aujourd'hui, ceux qui marchent cherchent surtout le sens de leur vie.

Étrange procession de bras cassés
- à peine partis et déjà en déroute -
où chacun tente son chemin

Changement complet de population sur le Chemin. Au départ de Puente la Reina, la faune pèlerine est assez cocasse. Il y a toutes les tenues et tous les attirails imaginables (bagages à roulettes, semelles compensées, lourds bâtons de pèlerin ..). C'est la cour des miracles des "marcheux" ! Le Camino, assez abrupt au début de l'étape, va rapidement opérer une sélection. Dès l'après-midi, le Chemin retrouve sa quiétude et son esprit.


Entre la haie et les murs de pierre
le Camino faufile
son ourlet de pas

Me voilà dans la colonne
des fourmis espagnoles
où l'on trouve plus qu'on apporte


Couleur des piments
villages blasonnés de mille noblesses
Il est des matins qui chantent encore plus beau

(Mañeru - Estella)



Paires de chaussures abandonnées
Les pieds se délestent
de leurs erreurs


Une marée de vignes
vient mourir
à l'estran du village

(Cirauqui)


A Lorca
pensée pour Frédérico Garcia
le poète andalou fusillé

Il n'était pas d'ici, mais peu importe. Il ne faut jamais perdre une occasion de ressusciter un poète.


Près du monastère
le vin coule à flots
Vive les bodegas jacobites !

A Irache (Estella), plus que le monastère, la fontaine à
vin égaie le pèlerin ! En effet, la coopérative viticole locale offre
le vin, gracieusement et à volonté, aux marcheurs
de passage !


Fût un temps dit gothique
où une simple citerne d'eau
était une œuvre d'art

(Fontaine des Maures à Villamayor)


A l'auberge évangélique
on enseigne qu'un homme a dit :
Je suis La Voie
Un autre a dit :
il faut chercher la Voie
Et moi je pense : à chacun de trouver
sa voie
- le tout en minuscule

Une auberge de Villamayor de Monjardin est tenue par une communauté évangélique hollandaise très zélée. Bon accueil, le corps et l'âme sont nourris. On y distribue et commente l'évangile selon saint Jean. Moins gourmand que Jésus, Lao Tseu, qui ne se prenait pas pour un dieu, enseignait comment trouver la voie de l'existence harmonieuse. Aujourd'hui, chacun butine en chemin pour se faire sa propre religion. La résistance des dieux plaide en leur faveur.