Archives du blog

vendredi 2 mai 2008

36- 37e étape - Viana - Logrono - Ventosa - Santo Domingo de la Calzada








36 - Viana – Logroño – Ventosa
(Rioja)


Les vendanges approchent
les vignes
sentent le vin
Sur leur observatoire
les oiseaux
s'esbaudissent des passants

(Las Canas)
Les plantes accusent la sécheresse
Feuilles de vigne et d'amandiers se ferment
Les oliviers résistent

Un grand saint Jacques
matamore
dit le sens premier du pèlerinage

A partir d'ici, à Logroño, église Santiago el Real, on voit de plus en plus de saints Jacques "matamores" (tueurs de Maure). L'apôtre fougueux chevauche des têtes coupées de musulmans. Cette statuaire guerrière rappelle que le pèlerinage médiéval pour Compostelle fut organisé pour soutenir la croisade des rois catholiques contre les musulmans en Espagne, dans le cadre de la guerre de Reconquête de la péninsule. C'est ici, en Rioja, près de Logrono, à Clavijo exactement, que la légende de saint Jacques matamore est née. En effet, selon la légende, serait située ici la première grande victoire des chrétiens sur les musulmans, en 844, grâce à l'apparition de saint Jacques en chevalier, galvanisant l'ardeur combattante des chrétiens.



Au fond tout droit
la Voie Lactée
Pourquoi un labyrinthe ?

Le labyrinthe de la place de Logroño est bien justifié sur le Camino. A l'époque médiévale, des labyrinthes étaient gravés sur le sol des églises. Ils représentaient le pèlerinage en Terre Sainte, la marche initiatique vers le centre spirituel du monde. Par extension, le labyrinthe symbolise tout pèlerinage vers un lieu sacré. Mais le labyrinthe exprime aussi, à travers les obstacles rencontrés, une marche vers l'intérieur de soi même. Cette démarche d'intériorité, cette quête de sens et d'identité, est certainement aujourd'hui la raison principale du succès du pèlerinage à Compostelle. Se dépouillant du confort habituel, acceptant les difficultés de la marche et du nomadisme (fatigue, blessures corporelles, intempéries, faim, perte du chemin, égarement, vols, inconfort des hébergements collectifs, promiscuité, vermines) le marcheur se transforme au cours du voyage. On marche pour devenir un autre soi-même, un peu plus sage et tolérant…




Par l'offrande de pommes et de biscuits
la star médiévale du Camino
poursuit la tradition hospitalière

Marcelino, déguisé en pèlerin médiéval, figure dans de nombreux sites d'accueil du Camino. Ici, au barrage de La Grajera, il tient un petit stand de soutien aux pèlerins. Une pause, quelques mots, un peu de ravitaillement, des renseignements, Marcelo ne se contente pas de jouer au pèlerin folklorique, il entretient aussi l'esprit de fraternité du Chemin.





Les vignes retentissent
de faux cris de rapaces
pour effrayer les oiseaux
Qu'en dirait le Poverello ?

Saint François d'Assise, toujours représenté comme le grand ami des oiseaux, fait partie des pèlerins célèbres. Il aurait guéri un enfant à Logrono. Aujourd'hui, les oiseaux, nuisibles aux vignobles réputés de la Rioja sont chassés par des cris de rapaces enregistrés. Qu'en penserait le saint poète ?





Cette suite de croix
sur un grillage
- les condamnés font appel ?



Près de Navarette, les pèlerins ont accroché des multitudes de croix improvisées sur un grillage qui sépare le chemin de la route. On trouve ainsi de nombreux sanctuaires sauvages au bord du Camino. Geste de foi, d'appartenance à une chaîne humaine dans le temps, grégarité ? Pour moi le symbole chrétien de la croix n'est qu'un instrument de supplice pour les condamnés et donc un triste emblème morbide de dénigrement de la vie.


N'oublions pas :
Le Camino est une auberge espagnole
on y apporte son manger


Casser l'amande
grappiller du raisin
les joies simples du nomade


Les mouches folles
ont déclaré la guerre
au repos du marcheur

(Ventosa)


Le vieux marchand de la tienda
derrière son comptoir grillagé
- on le dérange

(Ventosa)



L'esprit nous est donné
mais il faudra le rendre.










37 - Ventosa – Najera – Santo Domingo de la Calzada
Rioja



Toutes ces terres rouges
libèrent de l'espace
- dans l'esprit
(La Rioja)

Sur un mur d'usine
un poème
en allemand et castillan

(avant Najera)




A chaque falaise son sculpteur
Celle-ci dit : pèlerin prends garde
- Mais à quoi ?

(après Najera)


Dans ces terres à brique
il faut creuser profond
pour trouver les pierres de sa maison

(Azofra)


Progrès : le vieux pilori
ne sert plus qu'à indiquer le chemin
aux leveurs de poussières

(El Rollo de Azofra)

Longue piste rectiligne
parmi les vignes sulfatées
- des moineaux survivent

(Rioja)
Avide de nature
l'argent citadin
s'empare de la forêt relique

Cirueña. La dernière forêt aux chênes séculaires est l'objet d'une intense opération de construction de complexes touristiques pour les pauvres citadins de Logroño et de Burgos dépourvus de nature.

En Aragon Navarre et Rioja
les grues signalent les cités
plus sûrement que les clochers


Lamento de chiens
qui hurlent à la mort
du pendu dépendu

(Santo Domingo de la Calzada)

Une célèbre légende attribue un miracle au saint Dominique local, bienfaiteur des pèlerins puisque spécialiste des ponts et chaussées. L'histoire rapporte qu'un jeune homme, injustement puni par pendaison, aurait été sauvé par le saint. En quittant la ville pour Compostelle, les parents s'aperçurent que leur fils vivait encore sur son gibet. Ils vinrent le dire au juge. Celui-ci leur répondit que leur garçon devait vivre tout autant que la volaille qu'il était en train de déguster. Mais celle-ci, se dressant dans le plat, se mit aussitôt à chanter. Et le pendu, vivant, fut aussitôt dépendu et disculpé.
L'étonnant poulailler dans la cathédrale actuelle contient toujours des poules vivantes pour commémorer ce miracle. On retrouve cette légende au Portugal, en France, dans les Hautes-Alpes et sans doute ailleurs. Mais nulle part ailleurs il n'y a un poulailler dans l'église !

Le poulailler dans la cathédrale
sublime invention
du sacré dans le profane !

(Saint-Dominique-de-la-Chaussée)



Réfugiés du Chemin
nous sommes entassés
dans un hangar
- mais près des poules sacrées !







La Vierge de l'Annonciation
si belle
- le peintre en était amoureux

(Musée de la cathédrale de Santo Domingo)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je suis d'accord avec toi , sur l'impression que donne cette floraison de croix,
quel chemin entre religiosité et spiritualité !! et c'est souvent un vrai ...chemin de croix !!

est ce que tu as connu Tico , hospitalero à Ventosa ? , je crois
ph.pineau@libertysurf.fr

Anonyme a dit…

J'ai cherché la réponse à ma question:
- Pourquoi cette fascination pour Compostelle ?
Toujours pas de réponse...